Lagos, le pays des vêtements ethniques
En Afrique et plus particulièrement au Nigeria, la tendance est aux vêtements ethniques . Le "Delta du Niger", cette chemise rehaussée d'un col Mao se porte par exemple lors de rendez-vous d'affaires. Pour se rendre au bureau ou à un mariage, les Lagossiens optent pour l'agbada Yorouba, une énorme robe à trois couches. La babariga haoussa, tunique sahélienne souvent portée avec un chapeau brodé, est très appréciée des amateurs de clubbing.
Wizkid, ambassadeur du vêtement ethnique nigérian
Ces derniers temps, Wizkid, roi de la pop nigériane, a adopté un nouveau code vestimentaire. L'époque où ses clips faisaient la part belle aux shorts skinny, aux slips exposés ou encore aux t-shirts Versace semble révolue. S'il continue de miser sur les bouteilles de champagne et les grosses cylindrées dans ces derniers clips, l'artiste nigérian porte désormais des vêtements ethniques , une tendance chez les jeunes Lagossiens. Lors d'une interview avec Vogue, Wizkid a même parlé de "must". Il a également déclaré qu'il s'en tenait aux tissus africains lorsqu'il était à Lagos. Pour se démarquer du reste, l'artiste mélange des tissus de tout le Nigeria. A noter qu'en 2016, le magazine Vogue lui a décerné le prix du "Nigeria's Best Dressed Pop Singer". Une distinction qui prend tout son sens, dans un pays où l'on ne jure que par les apparences.
Les principaux vecteurs de la tendance.
Plusieurs éléments expliquent l'avènement du costume ethnique à Lagos. Parmi eux, le manque d'espace qui se traduit par la quasi-inexistence de centres commerciaux. Du coup, il est particulièrement difficile de trouver des magasins de prêt-à-porter dans la mégalopole de 20 millions d'habitants.
La crise économique qui a dévalué le naira oblige également même les Lagosiens les plus riches à s'en tenir aux accords locaux. Les virées shopping dans les grandes villes comme Paris, Milan ou Dubaï appartiennent désormais au passé.
Autre raison : l'attachement des Nigérians à leurs valeurs traditionnelles. Rien d'étonnant dans un pays qui compte environ 500 ethnies. Lors d'un rendez-vous professionnel, porter la tenue ethnique de son interlocuteur est considéré comme un signe de respect.
une touche contemporaine
Les vêtements ethniques se modernisent progressivement. La version contemporaine de l'agbada, par exemple, se caractérise par un relâchement à la taille. Une touche de broderie sur le décolleté signifie parfois que son prix avoisine les 420 euros (150 000 nairas). Igbo, Yoruba ou Fulani ne sont pas épargnés par le phénomène, tout en reflétant l'esprit multiculturel de Lagos.
Cette touche de modernité rehausse la cote du vêtement traditionnel nigérian. Ce constat se confirme après que Mbuyiseni Ndlozi, un homme politique sud-africain, a récemment fait sensation en publiant une photo de lui sur Instagram. Il s'habille alors du "Delta du Niger", un vêtement caractéristique du sud-est du Nigeria. Ce post lui a surtout valu des émojis de cœur de la part de ses nombreux fans. De plus, ces derniers l'appellent affectueusement "Igwe", ce qui signifie Igbo Prince.